Lorsqu’il crée la châsse contemporaine de Sainte-Gertrude, Félix Roulin imagine une châsse polymorphe. Trois volumes différents selon le moment de son exposition. Le volume exposé lors du Tour annuel de Sainte Gertrude est l’occasion de découvrir les 36 panneaux en argent dans lesquels sont incrustés des objets du quotidien.
Une châsse moderne et transportable
Détruite au cours de l’incendie de la collégiale le 14 mai 1940, la châsse gothique d’origine ne pouvait plus être restaurée. Une copie conforme est exécutée mais cette copie est intransportable. Or, la châsse doit pouvoir être déplacée à l’occasion du Tour Sainte Gertrude, une procession organisée chaque année dans les rues et les campagnes de la ville de Nivelles.
Près de trente ans après la destruction de la châsse gothique Sainte-Gertrude à Nivelles, la « Commission de la châsse » mise sur pied par les autorités nivelloises confie donc à Félix Roulin la création et la réalisation d’une nouvelle châsse moderne et transportable.
La réalisation du projet prend quatre ans. Entre 1979, date des premières esquisses, et octobre 1982, date de l’inauguration, différentes rencontres sont organisées avec la population et les membres de la Commission.
Une sculpture qui se dévoile progressivement
Les rencontres avec la population se déroulent sous la forme d’expositions. Le but est d’informer les Nivellois de l’orientation du projet et de montrer l’avancement des travaux. Une première rencontre est organisée en 1980. La seconde prend place l’année suivante en 1981.
En parallèle, des réunions rassemblent régulièrement les membres de la Commission. L’échevin de la culture, des représentants de la Commission des Monuments et des Sites, des membres du Conseil communal, du Comité du Tour, de la Fabrique d’église et du clergé se réunissent une douzaine de fois autour du travail de Félix Roulin.
C’est au cours de ces réunions que sont discutés le travail sur l’iconographie et la signification à donner aux empreintes.
Propositions dessinées par l’artiste pour les panneaux latéraux. Elles ont été exposées au public et discutées avec la Commission.
Détail avec annotations. Dans les incrustations finalement réalisées, l’iconographie sera simplifiée.
Un vocabulaire et une iconographie modernes
Lorsqu’il commence son travail sur la châsse, Félix Roulin explore depuis quelques années déjà l’incrustation de fragments de corps ou d’objets dans des volumes abstraits. Ce vocabulaire de la sculpture que l’artiste a déjà déployé dans des œuvres comme la colonne exposée au Middelheim, se
ra aussi celui de la châsse.
Aux fragments de corps incrustés dans le parallélépipède s’ajoutent 28 petites sculptures en argent, trois émaux ainsi que des objets du quotidien martelés sur les 36 panneaux visibles lors du tour.
Les objets du quotidien
Au fil du travail, l’iconographie des 36 panneaux suit une évolution pour passer d’un décor géométrique et abstrait à un décor où s’inscrivent des traces du quotidien. Ces objets étant pour la plupart estampés sur les plaques d’argent, une préférence a été donnée à des objets solides comme un décapsuleur, une pièce de monnaie, un cadenas ou un tournevis. Mais des objets souples, gants de travail et bottines par exemple, ont également été réalisés par dinanderie et ciselure.
Ces objets ne sont pas porteurs d’une symbolique en soi. Leur présence s’explique uniquement par le souhait de Félix Roulin que « aujourd’hui existe » dans l’œuvre.
Ce dimanche 02/10/2022, la châsse quittera la collégiale pour un parcours de 17 km à travers la campagne aclote. Une occasion de voir les 36 panneaux de la châsse et les traces de la civilisation moderne incrustés sur les panneaux latéraux ainsi que les deux pignons.